L’exposition «La Balade du Pixel» retrace 25 ans de création d’Antoine Schmitt autour des processus du mouvement. Dans ces oeuvres minimales et abstraites, les mouvements infinis des formes élémentaires, pixels, lignes, carrés confrontent les spectateurs aux énergies à l’oeuvre. Inspirées du réel, des particules de l’univers, des masses du cosmos, des foules d’humains, des noeuds psychiques, des mouvements du corps, ou encore de l’abstraction de théories psychanalytiques, philosophiques, scientifiques, ou sociologiques, les conflits de force donnent naissance à des formes en perpétuel déséquilibre.
The exhibition «La Balade du Pixel» retraces 25 years of Antoine Schmitt’s creation around the
processes of movement.
In these minimal and abstract works, the infinite movements of elementary forms, pixels, lines, and
squares confront the spectator with the energy of the work. Inspired by reality, by particles of the
universe, masses of the cosmos, crowds of humans, psychic knots, movements of the body, or the
abstraction of psychoanalytical, philosophical, scientific, or sociological theories, the conflicts of
force give birth to forms in perpetual imbalance.
Cascades series
La série Cascades s’inspire des peintures traditionnelles chinoises et porte sur la figure de la cascade, symbole et
incarnation du mouvement permanent. L’eau coule, toujours différente mais toujours similaire, à la fois immuable et en
flux. Par son mouvement, elle révèle les éléments statiques de l’univers, qui ne changent jamais mais changent lentement.
Dans la peinture chinoise, les éléments immuables sont les montagnes, ici ce sont les interventions humaines :
un cube détrempé par l’eau, une source rectiligne… The oeuvres de la série Cascades sont des compositions précisément
construites qui explorent ce dialogue entre la nature changeante de la réalité et l’impression rationnelle de l’être
humain. Elle sont faites de particules de pixels mues par des algorithmes génératifs de dynamique des fluides, toujours
en mouvement, toujours différentes, toujours similaires à elle-mêmes.
Black Square
Black Square confronte une nuée de particules blanches soumises aux lois de la nature avec un carré invisible presque
impénétrable, et qui donc apparaît noir. Une lutte immémoriale et sans fin entre abstraction et réalité, langage et nature.
War Series
La guerre est la situation délicate par excellence dans laquelle baigne l’humain depuis la nuit des temps. L’humain est
la seule espèce animale (avec les fourmis) à faire la guerre. C’est dans ses gènes. Nos ancêtres sont des guerriers,
nous sommes leurs descendants. Nous sommes les produits de massacres immémoriaux. Les formes de guerres
contemporaines ne sont pas moins sanglantes et pas moins dures que les guerres ancestrales, elles prennent juste des
formes plus variées. La série War met en place des tableaux génératifs infinis de situations de guerre. Ce sont de vraies
guerres entre des armées inépuisables de pixels programmés pour se battre et se tuer les uns les autres. Ce sont des
carnages (de pixels), de grandes fresques guerrières abstraites, de grande violence, au pouvoir cathartique.
7 billion pixels
L’oeuvre consiste en un film dans lequel 7 milliards de pixels individuels traversent l’écran, chacun sur sa propre
trajectoire, au rythme de 1 million de pixels parseconde, résultant en un film d’une durée totale de 1h56’40”.
Chaque pixel traverse l’écran de gauche à droite en une seconde, dans une ambiance de grande vitesse et
d’urgence. La trajectoire de chaque pixel est totalement indépendante des autres, et le flux semble animé d’un
comportement chaotique sans organisation globale, tout en reflétant les intentions individuelles de chaque
pixel. Malgré l’absence d’organisation, des patterns apparaissent, des regroupements, turbulences, vagues, etc.
Le film démarre avec une image noire puis les pixels commencent à défiler, puis après presque 2 heures, le flux
stoppe. La projection peut être programmée en boucle avec une pause, ou organisée en séances de projection.
Danser sa vie
«La pièce “Danser sa vie” tire son nom et sa substance de l’exposition éponyme déployée au Centre Pompidou au
printemps 2012, et résonne au niveau formel avec La Danse de Matisse, les silhouettes de Jérôme Mesnager ainsi
qu’avec les anthropométries de Yves Klein, mais surtout pousse à l’extrême le concept de danse libre de Malkovsky.
Un corps synthétique, créé à l’aide des techniques de simulation physique des jeux vidéo — os, muscles, forces, gravité
artificiels — est doté d’une capacité de mouvement autonome, d’une musique intérieure et d’une énergie inépuisable.
Comme une incarnation de la Wille de Schopenhauer, cette “volonté de vivre” intérieure le fait bouger sans fin, et ce
mouvement prend la forme d’une danse infinie et infiniment libre. Elle offre une solution radicale au problème de
Nietzsche : “Je considère comme gaspillée toute journée où je n’ai pas dansé”.
Cette pièce prolonge mes recherches sur le mouvement, sa forme et sa cause, cette fois incarné dans un corps
dansant. Elle cherche dans la danse une des formes les plus fondamentales de l’expression du flux vital chez l’être
humain. C’est un hommage infini à la vie, à la danse..»
Ballet Quantique
Les Ballets Quantiques sont des tableaux génératifs infinis mettant chacun en scène une chorégraphie d’une foule
de pixels aux mouvements apparemment arbitraires et indépendants, mais en fait tous programmés par la même
équation de type quantique. Cette organisation globale sous-jacente transparaît de temps en temps par
des alignements et regroupements impromptus et fugaces que l’oeil a juste le temps de percevoir, avec
effroi et délectation. Cette série d’oeuvres traite des forces invisibles à l’oeuvre derrière les systèmes
complexes, comme les particules, les peuples, les sociétés. Chaque Ballet Quantique est précisément
construit autour de la relation entre un certain nombre de pixels et une équation donnée.
Façade Life
Façade life est une installation monumentale active sur façade.
Dans Façade Life, une forme lumineuse abstraite circule indéfiniment sur une façade, en relation avec ses éléments
architecturaux. Elle glisse sur les bords, heurte les cadres des fenêtres, rebondit sur les montants des portes, coule
dans espaces disponibles… Elle l’habite. Des algorithmes de vie artificielle et des équations physique recréent le
comportement d’un fauve abstrait en cage : corps nerveux libre mais enfermé.
Façade Life est issue d’un principe artistique dans lequel des façades existantes sont réinterprétées par des formes
dynamiques programmées, pour mettre en place une dialectique entre la réalité physique et un niveau de réalité
parallèle.
Les installation Façade Life sont des installation in situ, éphémères ou pérennes, mais toujours uniques. En extérieur,
elles sont forcément nocturnes uniquement, mais en intérieur elle peuvent être permanentes. Elles peuvent être
monumentales (taille d’un bâtiment, plusieurs façades, etc.) ou de la taille d’une pièce, ou même miniatures.
The Pixel blanc
«Un pixel blanc erre sans fin, en laissant des traces qui s’effacent. Ses mouvements sont lents, avec des accélérations
brusques. Il ne dessine rien, il bouge. Son mode d’être, sa manière de bouger résultent du fonctionnement, devant
nous, de l’algorithme sous-jacent, modélisé d’après une interprétation personnelle du modèle freudien Conscient/
Inconscient. La qualité de son mouvement tend à nous interroger sur la cause de son mouvement. Nous sommes en
présence d’une présence artificielle minimale, ancrée dans le temps présent. On le suit des yeux.»
Antoine Schmitt (bio)
Né à Strasbourg en 1961, vit et travaille à Paris, France. Artiste plasticien, Antoine Schmitt crée des oeuvres
sous forme d’objets, d’installations et de situations
pour traiter des processus du mouvement et en
questionner les problématiques intrinsèques, de
nature plastique, philosophique ou sociale. Héritier
de l’art cinétique et de l’art cybernétique, nourri de
science-fiction métaphysique, il interroge inlassablement
les interactions dynamiques entre nature humaine et
nature de la réalité.
À l’origine ingénieur programmeur en relations hommemachine et en intelligence artificielle, il place maintenant
le programme, matériau artistique contemporain et
unique par sa qualité active, au coeur de ses créations
pour révéler et littéralement manipuler les forces à
l’oeuvre. Avec une esthétique précise et minimale,
il pose la question du mouvement, de ses causes et
de ses formes. Antoine Schmitt a entrepris, seul ou à
travers des collaborations, d’articuler cette approche
à des champs artistiques plus établis comme la danse,
la musique, le cinéma, l’architecture ou la littérature.
Comme théoricien, conférencier et éditeur du portail
gratin.org, il explore le champ de l’art programmé.
Son travail a reçu plusieurs prix dans des festivals
internationaux : transmediale (Berlin, second
prize 2007, honorary 2001), Ars Electronica (Linz,
second prize 2009), UNESCO International Festival
of Video-Dance (Paris, first prize online 2002),
Digital Turku (Turku, FI, honorary, 2011), Vida 5.0
(Madrid, honorary 2002), CYNETart (Dresden,
honorary 2004), medi@terra (Athens, first prize 1999),
Interférences (Belfort, first prize 2000), machinista
2003 (Russia) et a été exposé entre autres au Centre
Georges Pompidou (2002, 2004, 2006, 2010, 2011),
au Musée des Arts Décoratifs (Paris, 2009), à Sonar
(Barcelone, 2002, 2004, 2005), à Ars Electronica
(Linz, 2003, 2009), au Centre d’Art Contemporain
de Sienne (2004), au Musée d’Art Contemporain de
Lyon (1997), aux Nuits Blanches (Paris 2004, 2008,
Amiens 2007, Metz 2009, Bruxelles et Madrid 2010).
Il fait partie des collections des fondations Artphilein
(CH), Fraenkel (USA), Meeschaert (FR), de l’Espace
Gantner (Bourogne, FR), du Cube (Issy-Mx, FR), du
Fond Municipal d’Art Contemporain (FMAC) de Paris,
Société Générale (Paris), Borusan Collection (USA)
Antoine Schmitt
La Balade du Pixel
9 Septembre - 31 Octobre 2021
Vernissage 9 Septembre
Galerie Charlot
Paris, France.
Photo: Grand oblique (Cascades series). Antoine Schmitt. Vidéo générative. Cadre bois, ordinateur, écran LCD, programme spécifique. 5 exemplaires + 1 EA. Dimensions variables. 2018. | Photo: Danser sa vie. Antoine Schmitt. Oeuvre générative. 3 exemplaires + 1 EA. Durée infinie. 2012.